Messerschmitt Bf 110
Par Master Of Puppets - Edition du : 29 April 2006 - Créé le : 25 March 2006
Chasseur / Chasseur-bombardier : Messerschmitt Bf 110
Sources : L'Atlas des avions de la seconde guerre mondiale
Lemairesoft, encyclopédie des avions de la seconde guerre mondiale
En juin 1934, le RLM publia les spécifications d’un appareil mono ou bimoteur, d’un équipage de 2 à 4 membres, et armé de deux canons de 20 mm t de deux MG 15 pour la défense. Le Zerstörer devait atteindre 400 km/h à 6 000 m, avoir un rayon d’action de 2 000 km et un plafond de 10 000m.
En juillet 1934, trois prototypes furent commandés, le Fock-Wulf Fw 57, le Henschel Hs 124 et le Messerschmitt Bf 110. Seul ce dernier répondait à toutes les spécifications du RLM, et le développement débuta.
Avec le Bf 110, la Luftwaffe avait définie un nouveau concept, certes coûteux, mais qui semblait viable, du moins au début de la guerre. Le Zerstörer se présentait sous la forme d’un chasseur de grandes dimensions, bimoteur, biplace, capable de damer le pion à n’importe quel avion adverse, emportant un armement nettement supérieur à celui d’un chasseur standard et disposant d’une capacité d’emport en carburant supérieure, ce qui lui permettait d’avoir une bien plus grande autonomie que son petite frère le Bf 109 (les premiers Zerstörer avaient un rayon d’action de 800 km, soit environ deux fois celui du Bf 109). Le Bf 110 était docile et agréable à piloter, et contrairement à une idée reçue, le Zerstörer avait un petit rayon de virage pour un appareil de sa taille, et de fait il pouvait virer presque comme un chasseur monomoteur. Par contre, sa faiblesse vitesse de roulis le rendait vulnérable au combat.
En 1939, lors de la campagne de Pologne, les unités de Zerstörer balayaient le ciel à très grande distance du front et abattait tous les avions ennemis qu’elles rencontraient. Le Bf 110 semblait alors pouvoir rivaliser avec le Bf 109 pour le titre du meilleur chasseur. Il était en effet mieux armé et doté d'un rayon d'action supérieur. Les campagnes de Pologne et de France ne les départagèrent pas. Le Bf 110 C se montra brillant en Pologne et réussi quelques belles interceptions de bombardiers britanniques au dessus de la Mer du Nord. Naquit alors le mythe d’invincibilité du Zerstörer.
Pendant l’invasion de la Norvège, le Bf 110 s’avéra être le seul chasseur capable d’escorter les bombardiers et les formations de Ju-52 depuis les bases Allemandes.
Mais la bataille vu un difficile réveil pour la Luftwaffe ; en effet, les Zerstörer se révélèrent très vulnérable aux Spitfire et aux Hurricane, si bien que par un amusant paradoxe, ils durent eux même être escortés par des Bf 109. Les pilotes s'aperçurent très vite qu'il était dangereux de s'engager en combat tournoyant, c'est pourquoi ils piquaient sur leur cible et regagnaient de l'altitude sans laisser chuter leur vitesse.
Le Bf 110 fut alors considéré comme un échec et la fabrication prit fin en 1941, Messerschmitt s’attelant au développement d’un successeur, le Me 210. A partir de ce point deux types d’emploi furent fait du Bf 110 : l’appui tactique et la chasse de nuit.
Attaque au sol
Lors de la campagne de France, l’Erprobunggruppe 210 testa le Bf 110 dans le rôle de chasseur-bombardier. L’Erprobunggruppe 210 avait pour but de tester les chasseurs standards de la Luftwaffe dans de nouveaux rôles. Ces tests continuèrent pendant la bataille d’Angleterre et montrèrent que le Bf 110 était très bien adapté au rôle avion d’attaque au sol.
Les Bf 110 furent utilisés pour la première fois en tant que chasseurs-bombardiers lors de l’opération Barbarossa. En raison du nombre relativement faible de chasseurs modernes du côtés soviétiques, les Bf 110 pouvaient opérer avec succès lors d’attaque de convoi, de dépôt, de base aériennes, de concentrations ennemis etc. L’armement assez conséquent installé dans le nez de l’appareil faisait alors des massacres sur tout ce qui avait le malheur de passer dans la ligne de mir des pilotes !
Suite à l’arrête de la production en 1941 et à l’échec du projet du Me 210, la production du Bf 110 reprit et une fois encore les unités d’attaques au sol prouvèrent leur efficacité, bien que les pertes furent importantes à cause de nombres sans cesse croissant d’appareil soviétiques. Le besoin de défendre les villes du Reich fit que les Bf 110 furent par la suite retirés du front russe.
Chasseur de nuit
Pendant la campagne de Norvège, le Hauptmann Wolfgang Falck, du I./ZG 1, se déclara convaincu qu’il pouvait abattre des bombardiers britanniques de nuit en Bf 110. Ainsi débuta le processus qui devait conduire à l’édification d’un immense système de défense aérienne placé sous les ordres de l’Oberst puis General Josef Kammhüber. Dès le départ, les Bf 110 C-2, C-4, et D-1 jouèrent un rôle important des les Nachtjagdgeschwadern de la Luftwaffe.
Le système conçu par Kammhüber fut nommé Himmelbett (ciel de lit) et consistait à découper l’espace aérien Allemand en un certain nombre de secteurs rectangulaires pourvus chacun d’un radar et d’un réseau de communication chargés de guider les intercepteurs à proximité de leur cible. Les premiers chasseurs de nuit ne se différenciaient des Bf 110 de jour que par leur livrée couleur noire. Ils n’emportaient pas de réservoir de carburant auxiliaire ventral habituel, et se caractérisaient également par les cache-flamme placés sous les pipes d’échappement de leurs moteur et par leur pare-brise doté de vitres antireflet.
De 1940 à 1942, les unités de chasse de nuit furent divisées en deux groupes dont les conceptions se révélaient fort différentes. L’un d’entre eux était composé d’anciennes unités de chasses de jour et de Zerstörer qui volaient sur des Bf 110 armés de deux canons MG FF de 20 mm, de quatre mitrailleuses de 7,92 mm et d’une mitrailleuse assurant la défense vers l’arrière. En outre, ces appareils étaient à la fois manoeuvrants, rapides, fiables, endurants et maniables. L’autre groupe était formé de Do 17 Z, de Do 217 et de Ju 88, pour qui la manoeuvrabilité au combat était une question secondaire. Leurs avions étaient spacieux, comportaient des équipages de trois ou quatre membres, étaient plus lourdement armés et disposaient d’une autonomie supérieure à celle du Bf 110.
La première version de Bf 110 spécialement équipée pour la chasse de nuit fut le Bf 110 D-1/I1, qui emportait des capteurs infrarouges Spanner dans le nez. Produit par la firme AEG, le Spanner I était un système actif, donc repérable. Il projetait vers l’avant un faisceau infrarouge qui était réfléchi par la cible. Les Spanner II, III et IV étaient quant à eux des équipements passifs, capables de détecter la chaleur des pipes et des gaz d’échappements des bombardiers ennemis. Mais la RAF trouva assez rapidement la parade en équipant ses avions de cache-flammes.
A partir du printemps 1941, le Bomber Command disposa d’un nombre sans cesse croissant de quadrimoteurs lourds, comme le Halifax et le Lancaster. Ces appareils étaient mieux armés et capables d’échapper aux Bf 110 en vol horizontal. Il en résultat la mise en service des Bf 110 E, dotés de deux moteurs DB 601 N, et des Bf 110 F, dotés de DB 601F de 1 350 ch.
Puis le bureau d’études de Messerschmitt tourna son attention vers la réalisation d’une version entièrement nouvelle, le Bf 110 G. La version de chasse de nuit fut le G-4. Mais avant que cette version n’entre en production, Messerschmitt livra à la Luftwaffe le Bf 110 F-4, première véritable version de chasse de nuit de cet appareil. Propulsée par des DB 601, cette version voyait ses canons MG FF remplacés par des MG 151/20 de 20 mm beaucoup plus puissants, approvisionnés à raison de 300 obus pour l’arme gauche et 350 pour la droite. Des F-4 reçurent également une nacelle ventrale dans laquelle étaient montés deux canons MK 108 de 30 mm. La cabine avait été remodelée en vue d’accueillir un troisième membre d’équipage, chargé du radar.
A la fin de l’été 1942 apparut le Bf 110 F-4a caractérisé par un radar FuG 202 Lichtenstein B/C, et dont la masse maximale au décollage avait été portée à 9 290 kg (contre 7 200 kg pour les F-2). L’appareil pouvait emporter des réservoirs de carburant largables de 300 L, mais les grandes antennes radar engendraient une importante traînée.
Le Bf 110 G-4, équipé de moteur DB 605B-1 de 1 475 ch, n’entra dans les formations de chasse de nuit qu’en avril 1943. Les casseroles d’hélices de cette version étaient plus volumineuses et les capots moteurs modifiés. L’armement était constitué de deux canons MK 108 de 30 mm en nacelle, de deux MG 151/20 de 20 mm et de quatre MG 17 de 7,92 mm dans le nez ainsi que de deux MG 81 jumelés à l’arrière de la verrière. Grâce à ses nouveaux moteurs, le G-4 pouvait atteindre 540 km/h même avec les volumineuses antennes du radar FuG 212 Lichtenstein C-1.
Bf 110 G-4
En mai 1943, un armurier du II./NJG 5 avait été intrigué par les armes tirant obliquement vers le haut, montées sur le Do 217 J de l’Oberleutenant Schoernert. L’armurier, se servant des MG FF retirés su service bricola une installation qui reçu peu de temps après le nom de Schräge Muzik. Un Bf 110 doté de ce système abattis un bombardier anglais au dessus de Berlin en mai 1943, et dès lors ce système se généralisa sur des appareils comme le Ju 88 ou l’excellent He 219 mais l’espace disponible sur le Bf 110 était moins important le seul arrangement officiellement admis consista en deux canons MK 108 de 30 mm placés à l’arrière de l’habitacle. Les appareils ainsi équipés portaient la désignation de Bf 110 G-4/U1.
Au mois de juillet 1943, lorsque la RAF rasa la ville de Hambourg, son port, ses installations industrielles et ses civils, les bombardiers anglais utilisèrent pour la première fois des bandelettes métalliques appelés windows qui permettaient de brouiller les radars allemands. Mais les Allemands trouvèrent rapidement la parade avec l’entré en service du Bf 110 G-4b équipé d’un radar FuG 220 Lichtenstein SN-2 qui travaillait sur des longueurs d’onde où les windows se révélaient inefficaces.
Lorsque cessa la production du Bf 110 à la fin de la guerre, 6 050 exemplaires toutes versions confondues avaient été assemblés pour la chasse de nuit.
Différentes versions
Bf 110 B
Pour pallier aux ennuis du moteur Daimler Benz qui avait fait capoter la présérie des Bf 110 A, cette première version produite en série fut équipée de moteur Junkers Jumo 210. Les moteurs n'étant pas très satisfaisant, l'avion ne put jamais être considéré comme un appareil de première ligne. Il ne put être expérimenté en Espagne et avait déjà été relégué à l'entraînement quand commença la Seconde Guerre Mondiale
Bf 110 C
Daimler Benz ayant résolu les problèmes de ses moteurs, le Bf 110 C put enfin utiliser des moteurs adéquats et atteindre les performances attendues. Il se montra brillant en Pologne et réussi quelques belles interceptions de bombardiers britanniques au dessus de la Mer du Nord. Ce fut la version la plus courante du Bf 110 pendant la bataille d'Angleterre.
Il y eut quelques sous-variantes, dont l'une (C-4/B) pour tester la faisabilité du Bf 110 comme chasseur-bombardier lourd.
Bf 110 E
Après quelques expérimentations sur des Bf 110 C, le Bf 110 fut la première version de chasseur-bombardier lourd. Apparut durant l'été 1941, il rendit de nombreux services sur le front de l'est en appui tactique. Ils pouvaient emporter jusqu'a deux tonnes de bombes.
Bf 110 F
Les Bf 110 suivirent de peu la version Bf 110 E et remplissaient les mêmes missions de chasseurs-bombardiers lourds, mais avec des moteurs plus puissants et un équipage mieux protégé. La variante F-4 fut la première à être utilisée comme chasseur de nuit et reçut un radar embarqué.
Bf 110 G
L'échec du Me 210 en 1941 relança la production du Bf 110 en 1942 après un net ralentissement l'année précédente. La version G fut le modèle le plus construit des Bf 110. Il reçut un nouveau moteur et une multitude d'armements différents furent essayés sur ce modèle pour remplir les missions de chasseur-bombardier lourd et surtout de chasseur de nuit, tâche où il se montra plus que redoutable
Profil
De haut en bas : Bf 110 D ; Bf 110 G-4b/R3 ; Bf 110 E ; Bf 110 E-1
Caractéristiques |
Bf 110 C-1 |
Fw 190 D-9 |
Equipage |
2 membres |
2 membres |
Production |
A partir d'avril 1939 |
De 1943 à avril 1945 |
Masse en charge |
4 900 kg |
4 900 kg |
Moteur |
2 moteurs Daimler-Benz DB 601A-1 de 1 050 ch |
2 moteurs Daimler-Benz DB 605B de 1 475 ch. |
Dimensions |
Longueur : 12,07 m |
Longueur : 12,67 m |
Envergure : 16,25 m |
Envergure : 16,27 m | |
Hauteur : 4,13 m |
Hauteur : 4,13 m | |
Performances |
Vitesse maximum : 475 km/h |
Vitesse maximum : 540 km/h à 6 000 m |
Distance franchissable : 1 410 km |
Distance franchissable : 1 410 km | |
Plafond pratique : 10 000 m |
Plafond pratique : 10 000 m | |
Armement |
4 canons MG FF de 20 mm 1 MG 15 |
2 canons MK 108 de 30 mm |